Pour ceux qui n’auraient pas suivi les premiers épisodes, rappelons qu’A Bicyclette a été mise en cause en octobre 2012 et janvier 2013 à propos de la réalisation de la piste qui longe ces deux boulevards.
Voici le texte intégral de l’article expédié au journal Orne Hebdo et que celui-ci a bien voulu faire paraître en quasi intégralité dans son édition du 12 février. Vous trouverez en rouge les quelques phrases qui ont été éliminées, certainement faute de place. Elles avaient pourtant leur importance et ont valu plusieurs correction de la plume même de notre président dans la phase d’écriture collective. Leur absence conditionne peut-être le titre de l’article que G. Legot fait publier en réponse dans l’édition du 19-2 (voir ci-dessous à la suite de notre article) :
Article intégral expédié par A Bicyclette pour l’édition du 12 février :
« Piste du lycée Alain : qu’il est difficile de satisfaire tout le monde !
Contrairement aux automobilistes, les cyclistes sont organisés en tribus qui se fréquentent assez peu : il y a les cyclotouristes et les cyclistes rapides comme Mr Legot à qui cet article répond (voir son analyse précise dans l’édition du 29 janvier). En ville, ils circulent plus vite que les voitures et pratiquement sans danger tant ils maîtrisent leur machine. Ils ne craignent que les mauvais revêtements et les erreurs des automobilistes. Les aménagements cyclables peuvent même les gêner quand ils les éloignent de la ligne droite. Quand ces cyclistes conseillent les municipalités en oubliant qu’ils ont aussi été des débutants et qu’un jour ils seront moins véloces, le réseau évolue peu !
Il y a aussi la tribu des Vététistes qui se moquent des nids de poule, ne stationnent souvent pas en ville par peur de se faire voler leur vélo. Ils se sentent peu concernés par les aménagement urbains…
Puis enfin, il y a les cyclistes fragiles : d’une part les enfants qui viennent de s’acheter ou d’emprunter un vélo, d’autre part tous les autres, qu’ils soient débutants, qu’ils reprennent le vélo après de longues années de pratique exclusivement automobile ou qu’ils soient devenus trop âgés pour se déplacer aussi aisément dans un flux dense et rapide : la collectivité doit tenir compte de la progression du nombre des aînés qui ne peuvent plus tourner la tête pour surveiller la circulation derrière eux, qui ont une peur panique d’avoir à poser le pied par terre en urgence (la crainte des fractures liées à l’ostéoporose est une cause d’abandon du vélo). Ils circulent lentement, avec un différentiel de vitesse qui exaspère les automobilistes pressés qui cherchent malgré tout à les doubler, même quand les conditions ne le permettent pas (40 % des décès à vélo sont dus à un choc arrière ou en dépassement). C’est pour les plus fragiles d’entre nous que la collectivité doit agir, c’est même sa raison d’être.
Or de quoi ont besoin ces usagers peu assurés qui font souvent leurs premiers essais en vacances et qui n’osent souvent pas encore abandonner leur voiture durant le reste de l’année ? Certainement pas des bandes cyclables, au contact direct de la circulation automobile, comme le long de l’avenue de la République, où le moindre écart d’un camion vous envoie à l’hôpital, ni des bandes peintes sur les ronds points comme celui de l’entrée de l’avenue du Général Leclerc où un cycliste a perdu la vie il y a deux ans. Y enverriez-vous un collégien de 11 ans ? Aux bandes qui sont malgré tout un réel progrès (sauf sur les ronds points) nous continuons à préférer avec ces usagers fragiles de vrais parcours séparés où l’on peut rouler à deux de front en discutant ou accompagner une grappe de copains piétons vers l’école. C’est encore plus net quand le trafic est intense et relativement rapide. N’était-ce pas le cas des boulevards Mézeray et Colbert ?
Cohabiter avec les piétons
Certes se pose alors le réel problème de la cohabitation, légale et concrète, avec les piétons. La loi de 2005 sur le handicap impose effectivement une séparation matérielle des piétons et des cyclistes au nom de la protection des malvoyants et des personnes à mobilité réduite. Mais dans les faits, ne circule-t-on pas mieux sur la très large nouvelle piste, même avec une canne, une poussette ou un fauteuil roulant, plutôt que sur les vieux trottoirs étroits et discontinus qui bordaient auparavant les boulevards ? Combien d’handicapés sont de fait emmurés chez eux faute de pouvoir se déplacer sur des trottoirs adaptés ? En France, environ 150 cyclistes sont tués par des voitures chaque année,
combien de piétons sont tués par des cyclistes ?
Sur ces espaces plus ou moins partagés, où des voitures peuvent aussi avoir à traverser, ce doit être au plus rapide de faire attention au plus lent, en vertu du « Code de la rue », déjà appliqué en Belgique et que nous préconisons en France. Un code qui, dans des zones dite « de rencontre » abandonne toute règle autre que celle de la « priorité du plus faible » : le piéton cède devant la poussette et le fauteuil, le vélo devant le piéton, et les voitures roulent au pas, laissant passer tous les autres. Devant le lycée, le cycliste doit donc adapter sa vitesse sur les quelques dizaines de mètres où il peut gêner un piéton, rien d’impossible avec un peu de bonne volonté. A Bicyclette ne milite pas pour que les vélocipédistes puissent jouer aux tout puissants et faire n’importe quoi ! Et deux cent mètres plus loin, au rond point des organisations agricoles, l’insertion n’est pas à « haut risques » contrairement à ce qu’affirme Monsieur Legot : la traversée sur le passage piétons se fait en deux temps avec un refuge axial, même si celui-ci est effectivement un peu étroit (un seul automobiliste à fixer droit dans les yeux à la fois, ce que peut faire un enfant dès 8 ans, si on le lui apprend).
Un aménagement perfectible
Sans contraintes budgétaires, la ville aurait pu construire l’intégralité de l’équipement côté lycée Alain, et, comme le propose Mr Legot, moduler le revêtement des différents utilisateurs pour que chacun sache où se placer. A défaut de tout refaire, il est au moins possible de multiplier les logos peints en espérant que les adolescents et les promeneurs de chiens les respecteront, d’ajouter quelques plots au droit des portes des riverains qui le demanderaient pour éviter qu’un fou du guidon les accroche en frôlant leur maison… Les voitures qui doivent sortir de leur garage en deux temps, le devaient déjà avant. Le couloir des vélos est au moins à 1,40 m des maisons ce qui laisse largement le temps au cycliste de faire un écart si la voiture qui recule adapte sa vitesse. Quand ils reviennent, ces conducteurs ont même maintenant la possibilité de s’arrêter à cheval sur la piste le temps d’aller ouvrir leur portail. Toutes ces manoeuvres se font dans des conditions de visibilité optimales qui rendent les accidents improbables, à moins d’une évidente mauvaise volonté. Toute aussi improbable est la chute d’un cycliste vers la chaussée. La hauteur du trottoir n’est pas un danger supplémentaire, elle garantit plutôt que les voitures ne vont pas s’inviter entre les joggeurs et les vélos. La piste ne « tangente » d’ailleurs pas la route, une bande de 40 cm les sépare. On pourrait y implanter une barrière basse pour donner un peut d’intimité aux modes doux et habiller l’ensemble qui a un aspect un peu « soviétique ». Dans la même optique nous avons toujours regretté la suppression des deux lignes de plantations d’arbres boulevard Colbert, une seule aurait suffi. Quant-aux crevaisons qui pénalisent encore les cyclistes rapides aux pneus fins, il suffirait de faire passer la balayeuse étroite régulièrement sur toutes les pistes. Le risque de crevaison est de toute façon équivalent sur les bandes où les roues des voitures chassent toutes les petites pièces qu’elles perdent, c’est très fréquent sur la route du Mans.
Des feux à régler
Reste le réglage des feux tricolores du lycée, aux heures de pointe, qui est imperturbablement vert pour les voitures pendant 40 secondes puis vert pour les autres usagers pendant la même durée, qu’un piéton appuie sur un poussoir ou pas ! Résultat : les voitures attendent même si personne ne veut traverser, et un cycliste peut patienter jusqu’à 35 secondes après avoir appuyé ! Que pensez-vous qu’il advienne ? Beaucoup de piétons n’attendent pas, ce qui est encore plus dangereux qu’avant puisque les voitures au vert ne sont plus tenues de laisser passer les piétons. Les conducteurs sont aussi exaspérés de devoir patienter, même quand personne ne veut traverser, ce qui plombe l’appréciation sur l’ensemble de l’équipement, au détriment de nos prochaines demandes.
A Bicyclette rappelle qu’elle a toujours préconisé des feux à bouton poussoir, constamment verts pour les voitures et qui passent au rouge en moins de 6 secondes quand quelqu’un veut traverser. C’est le système qui est en oeuvre aux heures creuses et dont nous demandons la généralisation. Nous aurions pu rappeler ce souhait si nous avions pu étudier les plans mètre par mètre avant la commande, comme nous l’avons toujours réclamé. Nous en aurions profité pour demander, avec Mr Legot, que les cyclistes puissent passer au rouge à ce feu quand, en venant du lycée, ils tournent à droite vers Balzac. Nous avons d’ailleurs fait la demande très officielle au maire pour onze autres feux. Nous avons volontairement limité notre proposition, dans un premier temps, à ceux pour lesquels la mesure serait la moins discutable, nous réservant la possibilité d’étendre le procédé à une dizaine d’autres carrefours par la suite (voir notre site A Bicyclette). Echancrer le pont du boulevard Colbert ou ajouter un nouveau plateau Nous pensons qu’au droit du pont, les deux mètres du trottoir sont maintenant une largeur suffisante pour que la cohabitation soit possible. Il suffit, par des panneaux, de donner la priorité aux cyclistes qui descendent à vive allure, en proposant aux usagers venant en sens inverse d’attendre qu’ils soient passés. Comme ceux qui descendent passent vite et que les autres les voient parfaitement, il ne devrait pas y avoir d’accident. Le long du parapet, des zébras rugueux, renforcés par deux quilles souples, suffiraient à marquer une bande refuge pour les piétons malvoyants. Dans ce secteur, il n’y a pas de grappes d’usagers à gérer comme devant le lycée. La somme économisée sur les travaux de maçonnerie gagnerait à être investie dans un second plateau au croisement avec la rue Barillet, à l’usage des vélos qui viennent de Villeneuve par
cette petite rue. Tant que ce point noir n’est pas géré et tant que le parcours n’est pas fléché, le coûteux équipement risque de rester plutôt désert. Un plateau simple devrait suffire car la densité de piétons sera bien inférieure à celle du Bd Mézeray (Le plateau du lycée était déjà très sécurisant quand ses feux n’étaient pas installés). Pour terminer, nous engageons les cyclistes et piétons à aller se faire leur idée sur place. Nous remercions Monsieur Legot de nous avoir poussés à développer notre argumentation. Nous regrettons qu’il ne soit pas venu enrichir notre réflexion lors de nos réunions, qui sont toutes publiques. Nous l’invitons, ainsi que tous les Alençonnais, à venir s’exprimer à notre assemblée générale qui se tiendra le 12 mars à partir de 20 h 15 au Centre Social Edith Bonnem. Qu’il continue, tant qu’il en a la force, à rouler sur la chaussée principale avec les voitures. La piste cyclable n’est en effet pas d’un usage obligatoire pour les vélos. Et puisse sa bonne étoile le protéger des chauffards.
A Bicyclette 6-2-13
Proposition de légende pour les photos :
Photo 1 : Au rond point des organisations agricoles, la traversée peut se faire en deux temps grâce à
un refuge axial (un peu étroit)
Photo 2 : Aux abords du lycée, les cyclistes doivent plus qu’ailleurs laisser la priorité aux piétons
Photo 3 : Au passage du pont du boulevard Colbert, matérialiser la priorité à donner aux vélos qui
dévalent la pente et créer un refuge pour les malvoyants le long du parapet.
Photo 4 : Au carrefour Colbert / Barillet, photographié ici avant les travaux, créer un nouveau
plateau pour sécuriser le cheminement vers Villeneuve.«
Réponse de G. Legot du 19-2-13 :
Notre réponse, que le journal peut librement recopier :
Ce dernier article de G. Legot tendrait à laisser penser que nous n’agissons que pour « quelques cyclistes » fragiles au détriment des autres et des piétons. Nous rappelons que l’objectif principal du projet est d’améliorer l’accès à deux établissements scolaires parmi les plus peuplés de la ville et que si nous arrivions à ce que plus de 50 % des élèves viennent à vélo comme dans certains établissements de Grenoble ou Strasbourg, ce serait des centaines d’usagers par définition fragiles qui emprunteraient le parcours.
Contrairement à ce qu’il insinue, A Bicyclette n’est ni maître d’oeuvre ni maître d’ouvrage : nous avons signalé les dangers, demandé avec insistance à la mairie d’intervenir. Nous avons fourni un dessin style BD de ce que nous aimerions avoir au carrefour Mézeray / sente du Milieu (Nous sommes ravis que la réalisation soit conforme à ce croquis) :
La Ville a par la suite développé sa concertation, principalement avec les riverains, les partenaires institutionnels et le CDL sans même inviter l’association (C’est au titre du CDL que 2 de nos membres ont vu les derniers plans pendant un quart d’heure au printemps). A Bicyclette a été destinataire du compte-rendu de cette réunion. Document qui précisait pourquoi certaines de nos propositions étaient refusées pour raisons budgétaires.
G. Legot veut placer le débat sous le thème du vélo « véhicule de déplacement », nous aussi. C’est même le slogan qui est affiché sur les vélos postaux que nous prêtons aux associations : « Le vélo, plus qu’un sport, un transport« . Nous voulons seulement l’ouvrir à un public le plus large possible.
Au bas de la première colonne, il prend pour exemple la circulation automobile pour laquelle il n’existe pas des routes pour les débutants et d’autres pour les conducteurs confirmés, en concluant que « Tout le monde roule sur la même route et la réglementation nous dit comment le faire« . C’est exactement ce que nous souhaitons en rapprochant les parcours des cyclistes et piétons quand on ne peut pas faire facilement autrement et en promouvant les règles du Code de la rue sur ces espaces.
Si nous avions eu à créer un quartier neuf, sans contrainte budgétaires, nous aurions bien évidemment choisi la séparation des usagers. C’est d’ailleurs ce que nous avions préconisé lors de l’enquête publique pour la création de la Zone Ouest : « La coulée verte » dont nous reconnaissons l’intérêt, doit être une piste cyclable double sens assez rectiligne car le vélo utilitaire ne peut concurrencer la voiture que s’il permet de gagner du temps. Les multiples chicanes que laissent entrevoir le plan sont source de mauvaises rencontres avec des piétons sur ce trajet en forte descente. » (article du 21avril 2007). Nous regrettons que l’aménageur ait gardé l’option de mélanger les cyclistes et les piétons mais nous nous félicitons déjà qu’il n’ait pas seulement pensé aux accès en voiture !
Concernant les personnes d’âge mur qui doivent selon G. Legot « être humbles devant les aléas de la vie », nous pensons que la collectivité doit autant que possible faciliter leurs déplacements et pas leur interdire de fait le vélo.
Pour terminer avec le coût de l’aménagement , il faudrait savoir ce que recouvrent les 450 000 € car ces travaux ont été l’occasion d’enlever les arbres crevés, de refaire de nombreuses canalisations et la bande de roulement des voitures, de ralentir leur circulation par le rétrécissement conformément à ce que demandaient les riverains.
Nous profitons aussi de cet article pour préciser notre point de vue à Agathe qui s’inquiétait de la conformité de l’aménagement des boulevards avec le Code de la route (Orne hebdo du 19-2-13 p. 2) :
L’objet d’A Bicyclette n’est pas la promotion du Code de la route mais la sécurité des cyclistes et piétons. Le Code ne doit être qu’un moyen parmi d’autres d’améliorer cet objectif. Nous n’en faisons pas une lecture dogmatique et préférons souvent revenir aux principes de convivialité qui ont présidé à sa rédaction forcément perfectible. Avec la Fub, nous contribuons à améliorer le Code pour qu’il tienne compte de notre spécificité. Il est par exemple abérant d’imposer aux vélos de rouler bien à droite, en ralentissant pour éviter les nids de poule, quand ils descendent la rue du Collège devant un automobiliste nerveux. Il vaudrait mieux que le vélo descende la rue à bon rythme pour ne pas exaspérer l’automobiliste, dans l’axe de la voie qui est bien plus carrossable que les bords, dans l’axe pour éviter que le chauffard ne finisse par doubler doubler, en contravention avec le Code qui impose un écart latéral d’un mètre entre les deux véhicules. Ici , respecter strictement le Code est plus dangereux que de ne pas le respecter !
La suite à l’assemblée générale du 12 mars 26 mars à 20 h 15 au Centre Social Edith Bonnem (ouvert à tous). L’assemblée générale a été reportée au 26 mars pour cause de neige et verglas. Nous aurions été désolés que tous nos adhérents viennent en voiture !!!
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